Steffen Rault

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Steffen Rault porte son attention aux marges du monde connu, il agit pour nous faire réagir à une idéologie implicite qui formate notre quotidien. Cet univers visuel s’impose à nous par une prise de conscience des aliénations urbaines. A travers son travail sont dénoncées les dérives de la société contemporaine.

Les images de Steffen Rault résultent d’une construction reflétant la position de l’artiste dans son environnement, qui est aussi le nôtre : urbain, complexe, mobile, physique ou invisible. Ses premières recherches sur l’invisible apparaissent en (2002), dans une volonté de représenter les flux invisibles qui nous traversent, la «Résidence Mobile Interactive» représentait un axe de recherche, fondé sur l’interaction entre la captation vidéo d’une déambulation urbaine et la détection informatique de réseaux WiFi, doublée des outils actuels de représentation cartographique et d’un signal sonore unique.

Dans la même énergie, la série de photos «Nouvelle Campagne» prises avec une chambre photographique 20×25, un procédé remontant à l’origine de la photographie, transporté en milieu rural pour saisir un détail du paysage contemporain: les antennes du réseau GSM. A la suite d’un traitement chimique particulier, les tirages donnent à voir une altération de l’image, comme si elle était due aux ondes ou aux champs électromagnétique de ces infrastructures nouvelles.


Avec «Courants d’Air», l’artiste poursuit son travail d’interaction entre l’image photographique et les supports contemporains de représentation du monde. Deux visions, analogique et informatique, se superposent cette fois directement et à l’autoportrait s’ajoute le plan schématique de différentes villes. L’échelle individuelle et celle de la collectivité se rejoignent, pour un message clair quant à une problématique de notre réalité urbaine commune : la pollution invisible et l’altération du corps. Sur le buste de l’homme s’impriment les réseaux autoroutiers, ferroviaires, comme de grosses artères, et le corps singulier rejoint littéralement le corps global. Dans la très haute résolution de ces images, une inversion se produit même, lorsqu’il faut s’approcher très près, jusqu’aux pores de la peau, pour lire entre poils et ridules les noms de rue à même de nous renseigner sur le lieu. Cette vision frontale, neutralisée, se décline dans une série où un détail change systématiquement : la protection respiratoire que porte le sujet, qui vient en outre oblitérer son identité propre. On observe bientôt qu’à chaque métropole correspond un type de masque, et donc un type de pollution. Chaque ville possède ainsi une signature pathologique éventuellement mortelle : amiante à Paris, poussières à Hanoï, dioxines à Seveso, soufre à Mexico, etc. Dans sa recherche sur les associations entre photographie «analogique» et supports d’information technologiques, la série «Courants d’Air» représente une synthèse nouvelle et frappante, continuant de faire de l’engagement artistique un moment de réflexion sur notre rapport au monde et à l’environnement immédiat.

Texte par Mathieu Marguerin

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