Steffen Rault

Depuis 20 ans le trafic aérien s’est densifié très largement. Le ciel est quadrillée par ces liaisons qui s’intensifient de jour en jour, et nous avons l’habitude de voir les traînés blanches que laissent sur leur passage les avions.
D’un point de vue scientifique, deux hypothèses sont possibles quand à ces traces émises par les avions, contrails ou chemtrails, et toutes deux soulèvent des problèmes liés à l’environnement.
Les contrails (pour condensation trail), également appelées traînes de vapeur sont créés par la condensation de la vapeur d’eau émise par les moteurs d’avion à haute altitude.

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A travers les nouvelles technologies, la volonté de mutation du corps semble inévitable. Le posthumain ou cyborg parait devenir une réalité du présent. L’homme et la machine veulent ne faire plus qu’un, dans une mutation irréversible.
Notre conception du monde aujourd’hui dépasse le visible, des phénomènes multi-couches invisibles se superposent au réel. Nous nous déplaçons grâce à des pixels et traversons l’espace de l’information. Tatouer la peau humaine avec le plan de la ville accuse notre devenir toujours plus urbain. La jungle des citadins est un espace rationnel où les codes et les actions se font en fonction de l’architecture bétonnée qui nous entourent et des flux qui les traversent.
La série «Courants d’air» est une série photographique de dix images sur les pollutions environnantes dans les villes. Cette série pose la question des concentrations de polluants que peut accumuler un espace, l’épicentre d’un événement catastrophique n’est pas seulement historique ; il prolifère dans l’espace et dans le temps, avec le vent, les ruissellements. Ces photographies proposent un regard sur le monde invisible dans lequel nous vivons. Devrions-nous tous vivre avec des masques? La ville est-elle le masque?

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La série de photos «Nouvelle Campagne» prises avec une chambre photographique 20×25, un procédé remontant à l’origine de la photographie, transporté en milieu rural pour saisir un détail du paysage contemporain: les antennes du réseau GSM.
A la suite d’un traitement chimique particulier, les tirages donnent à voir une altération de l’image, comme si elle était due aux ondes ou aux champs électromagnétiques de ces infrastructures nouvelles.

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La Résidence_Mobile_Interactive est d’abord un outil de travail pour la production et la diffusion en temps réel. Elle s’inscrit dans une démarche ludique tendue vers la rencontre. L’idée principale étant de comprendre un peu mieux les ondes électro-magnétiques et de s’intéresser à une forme immatérielle du voisinage, tournée vers l’autre et la rencontre. Pour Steffen Rault, la notion d’espace public ne se limite pas à la rue mais englobe les espaces collectifs (bâtiments publics, industriels…). Franchir les frontières invisibles qui transforment le promeneur en visiteur, le spectateur en acteur, c’est une manière de lutter contre l’opacité, d’affiner ses repères. C’est ainsi un espace social qu’il donne à percevoir. La Résidence_Mobile_Interactive. Devenu « Wardriver » l’artiste se déplace dans un véhicule équipé pour « sniffer » les « gerbes d’ondes », émises par les bornes wifi certes privées mais qui éclaboussent la sphère collective. A cette démarche de fureteur, d’espion technologique répond l’équipement approprié. Véhicule utilitaire aménagé et laptop sont les accessoires de ce hacker de l’immatériel.

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C’est la volonté de montrer et de cristalliser un territoire inaccessible. Azerbaïdjan, 2007. Je me suis rendu sur l’île de Pirallahi à Artyom, ou les Russes ont abandonné un champ pétrolifère jugé non rentable. Je me suis fait accompagner du conseiller de l’ambassade de France, précaution utile car au bout de deux heures de prises de vue sur le site des gardes sont arrivés et nous ont menacés. Heureusement la voiture diplomatique devint un refuge de providence pour mes images. La carte diplomatique fut néanmoins confisquée, les gardes n’attendant qu’une chose me faire sortir de la voiture pour user de leurs pouvoirs. Ils m’ont d’abord accusé d’être un espion à la solde de l’industrie Française. Me présenter en tant que photographe de paysage ne les convaincaient pas : “un paysage, c’est une belle montagne avec des fleurs”…Heureusement leur chef est arrivé et la situation s’est arrangée. C’était un ancien géologue nettement plus compréhensif qui nous a invités à finir la journée autour de quelques bières…
Le pétrole est un sujet sensible dans notre société. Le prix est devenu incontrôlable. La série Terrain glissant est un miroir de l’occident. Dans ces flaques de pétrole qui s’agrandissent de jour en jour se reflète une faille critique du système mondial. A cet endroit, le sol est complètement ravagé, après qu’on ait tiré de ses entrailles cet or poisseux. Nombreux sont ceux qui ont exploité ces terres, mais personne pour les nettoyer et les fertiliser. Cette série montre la brutalité d’un site d’exploitation de matière fossile, endroit de honte ou les hommes comme la terre sont traités en esclaves, jusqu’à ce qu’ils rendent leur dernier pétrodollar, puis abandonnés.

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On est là au milieu de nulle part, personne ne se connait et pourtant l’énergie est commune. Trois jours de rencontre, d’échange, de partage de base de données, pour ensuite faire une performance sonore ou visuelle avec video -projecteurs et système quadriphonique au milieu d’un champ. Les gens sont invités à la volée derrière la camera pour répondre à deux questions…

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Steffen Rault cherche une dynamique dans le réel. Il porte son attention aux marges du monde connu, à ce qui est passé inaperçu, à la matière inexploitée, pour les faire éclater sous nos yeux. Il nous montre l’expression humaine perdue et les détails éphémères. Cette vigilance lui vient peut-être de sa formation première de photo-journaliste, mais l’expérience en tant que plasticien est venue enrichir son oeuvre. Installations en caisson lumineux, successions d’images sur écran, habillages sonores créent dans l’espace un réseau de résonances visuelles d’où émerge un discours véritable.
Car l’art est vécu comme un engagement. A travers ce travail sont dénoncées les dérives de la société contemporaine. Dominé par les médias, le monde moderne érige la consommation en idéal, la violence en mode légitime d’action. Il s’agit de nous faire réagir à une idéologie implicite qui formate notre quotidien. Cet univers visuel s’impose à nous pour une prise de conscience des aliénations urbaines, et des facettes du réel passées sous silence qui nous échappent.

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Faire de la photographie au Japon est un exercice facile tout est image dans cette société organisée normée paramétrée au centimètre prêt. En me promenant j’ai pu remarquer qu’il y avait même un code de la route pour piéton. Un matin je me suis arrêté sur un stop pour piéton et j’ai décidé que cet espace deviendrait mon bureau pour la journée. Huit heures sans bouger immobile comme une statue j’ai catalogué ce qui se présentait devant moi de manière complètement objective sans regard photographique comme pour éviter le cliché japonais. Tokyo office c’est regarder une ville sans esthétique sans volonté, se faire absorber dans ce monde fascinant.

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Cela part d’une volonté éditoriale. Se plonger dans la photographie sans posture, ne jamais s’afficher, sortir l’appareil à la volée sans viser juste pour l’énergie. Une photographie post-numérique car le projet a commencé en 95 et se termine en 2000, l’argentique dans tous ses états un rapport qualité prix incroyable. Des rencontres, des échanges, du flash beaucoup de flash…sans avoir vraiment trouvé les mots, sans doute une histoire de juxtaposition d’images.

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